mercredi 12 octobre 2011

Présentation du Bassin

Le Bassin Meurthe-Valdange
L'album photos ici




Extrait de carte IGN - C- Paris - 2012 - Autorisation n° 70.12002
Pour découvrir le Bassin, sur place, ou par la toile, il est recommandé de se procurer la carte 
IGN Randonnée 3617 OT

Le Bassin Meurthe-Valdange est constitué par le bassin de la rivière La Meurthe avec tous ses affluents, augmenté du bassin de son principal affluent, La Valdange, avec tous les petits ruisseaux qui l'alimentent.
Cet ensemble constitue une unité géographique circulaire limitée par une couronne de collines (402 à 608m) d'où descendent tous les ruisseaux. Ce serait un schéma géographique classique, s'il n'y avait, au centre de ce bassin, un socle de roches plus dures que les deux rivières ont dû contourner, et qui apparaît maintenant en promontoire :  Le Plateau de Nompatelize (395m).



La Meurthe le longe à l'Est à peu près en ligne droite, mais son affluent, La Valdange le contourne à l'Ouest sur un demi-cercle. Et cette dernière, plus vive, a réussi à creuser une bordure du socle probablement plus tendre, dégageant un deuxième petit promontoire, tout  proche du plateau principal, le Plateau du Han (366m).



Bénéficiant des terres alluvionnaires faciles à cultiver, de beaucoup d'eau (pêche), d'une végétation luxuriante très diversifiée selon les altitudes et les expositions (beaucoup de bois variés; flore et faune très riches), de nombreuses roches de grès, et des galets inclus qui s'en sont détachés, d'un banc de pierre volcanique très dure (la rhyolithe), des populations se sont installées très tôt au pied des collines, tout autour du Bassin, et donc tout autour des Plateaux de Nompatelize et du Han.



                                                                                     La Valdange à LA SALLE, au Void du Han 
Les céréales, une culture traditionnelle. A Saint-Remy


A mi-pente des collines environnantes : D'innombrables blocs de roches de grès. Ici, au-dessus de SAINT-MICHEL, en montant vers la Roche des Hauts-Champs
Sentier de forêt sur un sommet dominant LA BOURGONCE (vers les Roches de Thoné)








La Meurthe à Bourmont (commune de NOMPATELIZE)




  On a retrouvé différentes pièces de fabrication humaine datant de l'époque préhistorique, dont une très belle pointe de lance en silex taillé (7cm; époque néolithique), sur la commune de LA SALLE, entre le Plateau du Han et le banc de rhyolithe. Les recherches sur la Préhistoire dans les Vosges ne faisant que commencer, on n'attestait jusqu' ici, que de passages de populations, au mieux d'une fréquentation humaine. Cependant, une étude (Mme Guillaume) portant sur 59 silex ou éclats découverts sur le site de hauteur de La Bure (LA VOIVRE/HURBACHE/SAINT-DIE) laisse "supposer que ce site a connu une occupation au néolithique final, sans qu'il soit possible de préciser son caractère temporaire ou au contraire permanent" (Karine Boulanger : Projet de mise en valeur de La Bure; SRA de Metz).


  Il en va tout autrement pour l'époque gauloise, où l'on a découvert les vestiges d'habitats complets.
Les recherches archéologiques sur cette période ont progressé très vite ces dernières dizaines d'années, particulièrement grâce à l'évolution des techniques d'investigation. En l'état actuel des études, on peut affirmer que ce Bassin fut habité déjà au 6e siècle avant J.-C. Les habitats se trouvaient sur les hauteurs tout autour.

Habitat de La Pierre d'Appel. Occupation intermittente du 5e siècle av.J.-C. au 2e siècle après :
       Les vestiges du rempart protégeant l'entrée du site.

  Les archéologues peuvent aussi affirmer qu'à la même période, des carrières étaient exploitées à
LA SALLE, dans le banc de rhyolite, pour fabriquer des meules à écraser le grain.
L'activité gauloise de ces carrières a duré jusqu'à l'invasion romaine, et les conquérants l'ont continuée jusqu'au déclin de l'Empire (4e siècle ap. J.-C.)


        Panneau du Sentier des Fossottes, aménagé par la Commune de LA SALLE pour la visite du site.
D'après le bulletin hors série n° 4 (2007) de la Société Philomatique Vosgienne - Dessin Anderson/alii, 2001
                               

Vestiges de meules collectées dans le village
de LA SALLE par Bertrand TRIBOULOT, enfant du pays.
Probablement déterrées par hasard au fil du temps, elles avaient ressurgi des murs de maisons démolies,
où elles avaient été maçonnées.
Elles avaient aussi servi de cales pour les tonneaux.
Elles constituaient encore de beaux supports pour les pots de fleurs.
C'était le développement durable des siècles passés!



Meules exposées au Musée Municipal
Pierre Noël à SAINT-DIE-DES-VOSGES







Les Grandes Invasions (ou grandes migrations) semblent avoir totalement bouleversé le secteur : Les activités et une très grande partie de la population ont probablement été anéantis, plus ou moins brutalement. On peut supposer que les survivants se sont réfugiés au coeur des forêts et/ou sur les hauteurs : Des labours ont succédé à la dernière occupation du site de hauteur de La Bure (date?), puis ce fut l'invasion par ... la forêt.


 Ce n'est qu'au 7e siècle, avec la reprise en main du secteur par des grands seigneurs francs, et leur implantation d'abbayes (ETIVAL), que l'on a, de nouveau, des témoignages d'occupation des lieux. Leur pouvoir a amené la sécurité, et la colonisation de la zone par des moines, défricheurs et évangélisateurs.
Les survivants des populations autochtones se sont vraisemblablement rassemblés -de gré, ou de force pour quelques-uns?- et fixés dans des hameaux tout autour du Bassin, en bas, près des terres cultivables, et près des cours d'eau; au pied des anciens sites de hauteur pour certains (Pajailles, La Bourgonce, Herbaville ), au carrefour de grands chemins pour d'autres (Nompatelize, Biarville, La Salle).


Une partie des vestiges de la vieille abbaye d'Etival aujourd'hui . Eglise abbatiale en grande partie reconstruite après le bombardement de 1944.

Un diplôme du seigneur propriétaire des terres (Leudin, devenu moine lui-même) a défini les limites du territoire dévolu à l'abbaye d'Etival, LE BAN D'ETIVAL, territoire auquel tous les habitants des lieux se trouvaient désormais obligatoirement attachés.


Puis deux chapelles ont été construites -sans doute à la suite d'installation de cellules monastiques- pour rassembler "les âmes dispersées" : L'une à SAINT-REMY attachant les populations du BAS-BAN, l'autre à SAINT-MICHEL, pour celles du HAUT-BAN. Ensuite elles sont devenues chacune le centre d'un vicariat.


Les activités agricoles se sont développées, principalement dans -et autour- des domaines agricoles appartenant aux moines d'Etival. Le plus important au sommet du Plateau de Nompatelize, à "La Moulière", aujourd'hui La Molière, au lieu-dit actuellement nommé "Les Fermes" et "Les Granges des Moines", avec une annexe au lieu-dit Bouilly, assez proche, et situé à proximité de l'important ruisseau Le Maubré (qui descend, sous le hameau de Bréhimont/Saint-Michel vers la Meurthe)


Plateau de Nompatelize, La Molière : Ferme traditionnelle devenue habitation et gîtes, construite sur les fondations d'une des anciennes "Fermes".
Au fond,  Les Granges des Moines, devenues habitations également. Ce gros domaine agricole des moines d'Etival
 aurait perduré jusqu'au 18e siècle.


Le développement de l'agriculture a  permis une amélioration du confort alimentaire, et une augmentation de la population.

Le christianisme s'est répandu et conforté -de gré ou de force, également?- sous la férule des moines d'ETIVAL. Nompatelize est devenu, grâce à son importante communauté, le chef-lieu du Haut-Ban à la place de Saint-Michel. Certains hameaux sont devenus des villages, dont les populations, se fatiguant à parcourir des kilomètres pour assister à la messe, (obligatoire ou non?), ont fini par réclamer une église sur place, créant ainsi des paroisses, dont LA BOURGONCE incluant la population de LA SALLE.
(Formation des Paroisses du Ban d'Etival du Chanoine C. Idoux, publié par l'association Les Amis du Ban d'Etival). 


Au 14e siècle, les moines d'Etival ont fait extraire et fondre du fer. Ils ont installé une forge à LA SALLE, dans le secteur des Fossottes, en 1306 (d'après des textes d'archives étudiés par M.H. SAINT-DIZIER - Société Philomatique Vosgienne). Les fondations existent encore; elles ont été dégagées, et sont visibles, accompagnées d'un panneau explicatif, au départ du "Sentier des Fossottes" :

Vestiges de l'ancienne grande forge de LA SALLE. Construite en 1306, elle fut restaurée en 1725. Elle est devenue ensuite        une scierie en 1879.
Des vestiges de mines subsistent encore le long du versant sud de La Côte de Répy, au-dessus d'Etival.
Dans ce secteur, on découvre encore, effectivement, des filons de fer inclus dans des roches de grès.
Il y aurait également des vestiges de mines autour du site de hauteur de Warrinchâtel, derrière le village de SAINT-REMY, ainsi qu'à l'arrière (vers l'Ouest) des villages de LA SALLE et LA BOURGONCE.
Les roches concernées semblent cependant contenir beaucoup moins de fer. Tout ce secteur est à étudier de façon précise.
  On peut supposer qu'il y eut aussi des obligatoirement des bas-fourneaux pour traiter le minerai. Quelques lieux sont présumés, par la toponymie et par la configuration des espaces, mais ils restent à étudier.
  Et il y eut aussi, nécessairement, des charbonnières pour produire les énormes quantités de charbon de bois nécessaires à l'alimentation des bas-fourneaux et des forges. Les charbonnières étaient fréquentes dans les Vosges aux siècles passés, et de nombreux lieux sont connus. Il est bien entendu que les lieux devaient varier, au fil du temps, en fonction des disponibilités en bois, et des besoins. Et on sait que les bas-fourneaux étaient installés près des centres de production du charbon de bois, car il était plus facile de déplacer le minerai, plutôt que le charbon de bois dont il fallait des quantités astronomiques.

  Lorsque les forges artisanales ont été concurrencées par les premières installations industrielles du nord de la Lorraine, entre 1860 et 1865, elles ont dû s'arrêter. La forge de LA SALLE s'est arrêtée en 1866, et elle s'est convertie en 1879 en scierie. Elle avait été une grande forge importante; elle est devenue une grande scierie importante (Archives Départementales - M.H. SAINT-DIZIER) .

  Deux autres forges ont fonctionné entre SAINT-REMY et ETIVAL. Elles sont aussi devenues des scieries après l'arrêt des forges artisanales. Les bâtiments existent toujours, la dernière ayant cessé ses activités vers 1960. Leur quartier a conservé la dénomination "Les Forges".
Quartier "Les Forges" à ETIVAL : La dernière scierie
en activité jusque vers 1960
Dans l'angle avant, en bas, dans son logement,
l'ancienne roue à aube






La mécanisation a entraîné la création, sur les ruisseaux, de nombreux
 établissements nommés "usines" : Des forges, des scieries, des huileries,
 des battants (pour battre les écorces de chêne, fabriquant le "tan" 
pour les tanneries),  puis des féculeries.

La roue à aube









1 commentaire:

  1. Bravo pour votre site qui va je n'en doute pas nous faire découvrir bien des choses, merci.Pascal

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